De la lecture à l'écriture


Vertige – l'escalier magique, Léon Spilliaert (1908)
 
Le récit d'une aventure de lecture : Magie de la lecture

Il est nuit. Je m’en aperçois tout d’un coup. Combien y a-t-il de temps que je suis dans ce livre ? Quelle heure est-il ? Je ne sais pas, mais voyons si je puis lire encore ! Je frotte mes yeux, je tends mon regard, les lettres s’effacent, les lignes se mêlent, je saisis encore le coin d’un mot, puis plus rien.
J’ai le cou brisé, la nuque qui me fait mal, la poitrine creuse ; je suis resté penché sur les chapitres sans lever la tête, sans entendre rien, dévoré par la curiosité, collé aux flancs de Robinson, pris d’une émotion immense, remué jusqu’au fond de la cervelle et jusqu’au fond du cœur ; et en ce moment où la lune montre là-bas un bout de corne, je fais passer dans le ciel tous les oiseaux de l’île, et je vois se profiler la tête longue d’un peuplier comme le mât du navire de Crusoé ! Je peuple l’espace vide de mes pensées, tout comme il peuplait l’horizon de ses craintes ; debout contre cette fenêtre, je rêve à l’éternelle solitude et je me demande où je ferai pousser du pain…
La faim me vient : j’ai très faim. Vais-je être réduit à manger ces rats que j’entends dans la cale de l’étude ?

Texte : extrait de Jacques Vingtras, Jules Vallès


1ère étape : le portrait du héros ou de l'héroïne d'un roman.

Comme le personnage de Jules Vallès, vous avez rencontré au cours de la lecture d'un roman  un héros ou une héroïne qui vous a particulièrement marqué.

Faites son portrait.

2ème étape : le récit d'une aventure de lecture à la manière de Jules Vallès.

Racontez, à la manière de Jules Vallès, une aventure de lecture au cours de laquelle, "collé aux flancs" de votre héros (ou de votre héroïne) vous avez été amené à confondre la réalité de votre quotidien et la fiction.

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Pas de deux avec votre héros :  "quelqu'un comme vous" * ? 




Affiche de la pièce de théâtre de Fabrice Roger-Lacan : Quelqu'un comme vous


La description par les textes d'une aventure de lecture : le portrait du héros ou de l'héroïne d'un roman d'aventures qui vous a particulièrement marqué.

L'art du palimpseste en "Cercles/Fictions" :
"Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage", Nicolas Boileau


1ère étape : précisez le titre et le nom de l'auteur du roman choisi.

2ème étape : sur le modèle de ce texte, "Magie de la lecture", rédigez à la première personne votre rencontre de lecteur avec le héros ou l'héroïne qui vous a particulièrement marqué. 

Il est nuit. Je m’en aperçois tout d’un coup. Combien y a-t-il de temps que je suis dans ce livre ? Quelle heure est-il ? Je ne sais pas, mais voyons si je puis lire encore ! Je frotte mes yeux, je tends mon regard, les lettres s’effacent, les lignes se mêlent, je saisis encore le coin d’un mot, puis plus rien.
J’ai le cou brisé, la nuque qui me fait mal, la poitrine creuse ; je suis resté penché sur les chapitres sans lever la tête, sans entendre rien, dévoré par la curiosité, collé aux flancs de Robinson, pris d’une émotion immense, remué jusqu’au fond de la cervelle et jusqu’au fond du cœur ; et en ce moment où la lune montre là-bas un bout de corne, je fais passer dans le ciel tous les oiseaux de l’île, et je vois se profiler la tête longue d’un peuplier comme le mât du navire de Crusoé ! Je peuple l’espace vide de mes pensées, tout comme il peuplait l’horizon de ses craintes ; debout contre cette fenêtre, je rêve à l’éternelle solitude et je me demande où je ferai pousser du pain…
La faim me vient : j’ai très faim. Vais-je être réduit à manger ces rats que j’entends dans la cale de l’étude ?

Racontez en une dizaine de lignes cette aventure de lecture, "collé aux flancs" du héros ou de l'héroïne qui vous a amené(e) à confondre la réalité de votre quotidien et la fiction.

3ème étape : Faites le portrait de votre héros ou de votre héroïne en mettant l'accent sur ses qualités morales et ses exploits, son évolution au cours du roman.

4ème étape (étape finale) : sur le modèle du texte, "Magie de la lecture", rédigez à la troisième personne la rencontre d'un lecteur ou d'une lectrice avec le héros ou l'héroïne qui l'a particulièrement marqué(e) à partir du portrait rédigé au cours de votre 3ème étape de préparation à cette rédaction, sans négliger la description du cadre spatio-temporel où se situe l'action du roman et son télescopage avec le cadre de vie du jeune lecteur (cf. 2ème étape de la rédaction) : le portrait du héros ou de l'héroïne entrera en correspondance avec celui de l'univers de son lecteur.

Vous pouvez vous aider de cette phrase pour le passage à la 3ème personne : "Assis(e) sur le marches de sa maison, Alaïs leva subitement les yeux de son livre."
Le Destin d'Alaïs, Evelyne Brisou-Pellen

Votre rédaction ne devra pas dépasser un paragraphe d'une quinzaine de lignes.



O
 

L'art du portrait : du portrait physique au portrait moral et en action.

L'art du palimpseste en "Cercles/Fictions"
"Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage", Nicolas Boileau


Le portrait de Télémaque, le héros du roman de Fénelon dans Les Aventures de Télémaque.

Ce portrait se situe au début du roman de Fénelon. Télémaque, parti à la recherche de son père, est jeté par une tempête dans l'île de Calypso. Cette déesse, inconsolable du déparet d'Ulysse, fait au fils de ce héros l'accueil le plus favorable.

"Calypso ne pouvait se consoler du départ d'Ulysse. Dans sa douleur, elle se trouvait malheureuse d'être immortelle. Sa grotte ne résonnait plus de son chant ; les nymphes qui la servaient n'osaient plus lui parler. Elle se promenait souvent seule sur les gazons fleuris dont un printemps éternel bordait son île : mais ces beaux lieux, loin de modérer sa douleur, ne faisaient que lui rappeler le triste souvenir d'Ulysse, qu'elle y avait vu tant de fois auprès d'elle. Souvent elle demeurait immobile sur le rivage de la mer, qu'elle arrosait de ses larmes, et elle était sans cesse tournée vers le côté où le vaisseau d'Ulysse, fendant les ondes, avait disparu à ses yeux.

Tout à coup, elle aperçut les débris d'un navire qui venait de faire naufrage, des bancs de rameurs mis en pièces, des rames écartées çà et là sur le sable, un gouvernail, un mât, des cordages flottant sur la côte ; puis elle découvre de loin deux hommes, dont l'un paraissait âgé ; l'autre, quoique jeune, ressemblait à Ulysse. Il avait sa douceur et sa fierté, avec sa taille et sa démarche majestueuse. La déesse comprit que c'était Télémaque, fils de ce héros. "

Le portrait de Philéas Fogg, le héros de Jules verne dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours.

Ce portrait se situe au début du roman de Jules verne.

"En l’année 1872, la maison portant le numéro 7 de Saville-row, Burlington Gardens, — maison dans laquelle Shéridan mourut en 1814, — était habitée par Phileas Fogg, esq., l’un des membres les plus singuliers et les plus remarqués du Reform-Club de Londres, bien qu’il semblât prendre à tâche de ne rien faire qui pût attirer l’attention.
À l’un des plus grands orateurs qui honorent l’Angleterre, succédait donc ce Phileas Fogg, personnage énigmatique, dont on ne savait rien, sinon que c’était un fort galant homme et l’un des plus beaux gentlemen de la haute société anglaise.
On disait qu’il ressemblait à Byron, – par la tête, car il était irréprochable quant aux pieds, – mais un Byron à moustaches et à favoris, un Byron impassible, qui aurait vécu mille ans sans vieillir.
Anglais, à coup sûr, Phileas Fogg n’était peut-être pas Londonner. On ne l’avait jamais vu ni à la Bourse, ni à la Banque, ni dans aucun des comptoirs de la Cité. Ni les bassins ni les docks de Londres n’avaient jamais reçu un navire ayant pour armateur Phileas Fogg. Ce gentleman ne figurait dans aucun comité d’administration. Son nom n’avait jamais retenti dans un collège d’avocats, ni au Temple, ni à Lincoln’s-inn, ni à Gray’s-inn. Jamais il ne plaida ni à la Cour du chancelier, ni au Banc de la Reine, ni à l’Echiquier, ni en Cour ecclésiastique. Il n’était ni industriel, ni négociant, ni marchand, ni agriculteur. Il ne faisait partie ni de l’Institution royale de la Grande-Bretagne, ni de l’Institution de Londres, ni de l’Institution des Artisans, ni de l’Institution Russell, ni de l’Institution littéraire de l’Ouest, ni de l’Institution du Droit, ni de cette Institution des Arts et des Sciences réunis, qui est placée sous le patronage direct de Sa Gracieuse Majesté. Il n’appartenait enfin à aucune des nombreuses sociétés qui pullulent dans la capitale de l’Angleterre, depuis la Société de l’Armonica jusqu’à la Société entomologique, fondée principalement dans le but de détruire les insectes nuisibles.
Phileas Fogg était membre du Reform-Club, et voilà tout."


Le portrait d'Esméralda, l'héroïne du roman de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris.

"Si cette jeune fille était un être humain, ou une fée, ou un ange, c'est ce que Gringoire, tout philosophe sceptique, tout poète ironique qu'il était, ne put décider dans le premier moment, tant il fut fasciné par cette éblouissante vision.

Autour d'elle tous les regards étaient fixes, toutes les bouches ouvertes ; et en effet, tandis qu'elle dansait ainsi, au bourdonnement du tambour de basque que ses deux bras ronds et purs élevaient au-dessus de sa tête, mince, frêle et vive comme une guêpe, avec son corsage d'or sans pli, sa robe bariolée qui se gonflait, avec ses épaules nues, ses jambes fines que sa jupe découvrait par moments, ses cheveux noirs, ses yeux de flamme, c'était une surnaturelle créature.

En vérité, pensa Gringoire, c'est une salamandre, c'est une nymphe, c'est une déesse."



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Cendrillon de Joël Pommerat
J'ai habité dans des pays tellement lointains qu'un jour j'ai même oublié langue que ma mère m'avait apprise.
Ma vie a été tellement longue et je suis devenue tellement âgée que mon coprs est devenu aussi léger et transparent qu'une plume. Je peux encore parler mais uniquement avec des gestes. Si vous avez assez d'imagination, je sais que vous pourrez m'entendre. Et peut-être même me comprendre.

Alors je commence.

Dans l'histoire que je vais raconter, les mots ont failli avoir des conséquences catastrophiques sur la vie d'une très jeune fille. Les mots sont très utiles, mais ils peuvent être aussi très dangereux. Surtout si on les comprend de travers. Certains mots ont plusieurs sens. D'autres mots se ressemblent tellement qu'on peut les confondre.

C'est pas si simple de parler et pas si simple d'écouter.

Quand elle était encore presque une enfant, une très jeune fille qui avait beaucoup d'imagination avait connu un très grand malheur, un malheur qui heureusement n'arrive que très rarement aux enfants.

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L'art de la narration : "sur le chemin de l'école"



 

L'expression écrite par les textes (de la lecture à l'écriture) : dans le prolongement de l'Atelier d'Intervention contre les conduites à risques : ANPAA 75 (jeudi 10 octobre 2013)


Les Faux-Monnayeurs, téléfilm de Benoît Jacquot d'après le roman d'André Gide.

Textes de référence : "Le Loup et L'agneau", Fable de La Fontaine; les contes : Le Petit Chaperon rouge et Pinocchio.

Ecriture de la narration d'une aventure à partir d'un schéma actantiel et d'un schéma narratif :

Le schéma actantiel :
1. Le héros / le (les) personnage(s)
2. La quête
3. Le (les) adjuvant(s)
4. le (les) opposant(s)

Le schéma narratif :
1. La situation initiale =>1er paragraphe
2. La force transformatrice 1 : l'élément perturbateur (ou modificateur)=> 2ème paragraphe
3. La force transformatrice positive : la péripétie principale => 3ème paragraphe

Sujet : le récit d'une tentation ("la tentation d'une île.." : métaphore de la solitude du personnage face à lui-même ou sous l'influence d'une personne tentatrice dont l'influence le coupe de son entourage habituel).

Alors que le Collégien/la Collégienne est sur le chemin de l'école* (1er paragraphe), il/elle se trouve confronté(e) à un dilemme lié à une tentation (2ème paragraphe). Grâce à l'intervention d'une personne de son entourage (ou à un examen de conscience personnel), il/elle va trouver une solution.

* ou à son arrivée à l'école, ou à l'école, ou en sortant de l'école

Cette tentation peut-être provoquée par la rencontre d'une personne tentatrice et/ou par une faiblesse personnelle du personnage mis en scène dans ce récit.


  La lutte de Jacob avec l'ange, Delacroix (1861)

Consignes :
1. Respectez l'énonciation de la narration à la 3ème personne et la concordance des temps (du passé et/ou du présent).
2. Le premier paragraphe peut être le plus court (3 lignes) : présentation du personnage et du cadre spatio-temporel.
Le 2ème paragraphe sera plus développé (§ à 10 lignes)
Le 3ème paragraphe sera le plus développé (10 à 15 lignes).
3. Vous intègrerez éventuellement un court dialogue à votre récit (une question et une réponse, par exemple).
4. Pour le 2ème § : utilisez le vocabulaire de la tempête (exercice p.34 n°7) et la métaphore de l'île désertique dans le texte extrait de L'île mystérieuse de Robert Louis Stevenson : "L'île était inhabitée"  (Rives bleues, pp. 210-211 et le sujet"écrire", p. 211); pour le 3ème §, la résolution du conflit intérieur avec la métaphore de l'île luxuriante).