Cendrillon de Joël Pommerat
Pourquoi faut-il écrire des histoires ?
"-- Oui ! Ca ce sont les jeunes !" dit le Roi dans Cendrillon de Joël Pommerat
- CONTINU/DISCONTINU en "Cercles/Fictions"
L'écriture d'une aventure d'écriture d'une aventure d'écriture"générationnelle" et "intergénérationnelle"...
"un théâtre d'action" d'écritures "en présence(s)" :un atelier d'écriture internautique contemporaine "générationnel" et "intergénérationnel"
Le pari de l'écriture "générationnelle" d'un roman polyphonique entre deux siècles, ce projet me tient à coeur depuis plusieurs années : engagé au Lycée sur internet au XXème siècle dans le cadre de Comenius qui associait plusieurs villes européeennes : Bruxelles, Barcelone, Madrid, Prague et Rennes (http://recrearte.org), poursuivi à Paris avec mes élèves de 2des, de Premières et de Terminales (tempoedes.espoirsgenerationnels puis tempoeroman2012.blogspot.com) il permet aux internautes Lycéens, et Collégiens, d'entrer dans les "cercles/fictions" de leur propre histoire grâce à la stratégie du détour onirique d'une écriture créative personnelle qui permet d'associer leur pensée logique, rationnelle à leur pensée "magique", de devenir "poète(s) de leur propre vie" comme Joël Pommerat les y invite "théâtres en présence"au "réalisme magique" :"Je croyais que le bonheur était inaccessible.Ou qu'il fallait beaucoup souffrir pour l'atteindre.Et puis un jour j'ai compris que c'était l'inverse,que le bonheur étaitlàtout prèspresque immédiat.Ce jour-là, je m'en souviens évidemment... je ne sais plus pourquoi, peut-être parce que j'étais fatigué, je me suis arrêtéj'ai enfin cessé de tourner en rondet je me suis arrêté là juste au centre de ce cercle que je n'arrêtais pas de dessiner avec mes pieds en marchantvoilà j'étais donc là au centre.
Et puis d'un coup j'ai aussi cessé de penser
j'ai tout arrêté
oui
et tout est devenu évident et simple."Joël Pommerat, Cercles/FictionsLes rencontres des lycéens de 2des, Premières et Terminales avec Joël Pommerat, Jean-François Sivadier et Valère Novarina dans le cadre d'un Partenariat avec l'Odéon-Théâtre de l'Europe, Clément-Hervieu-Léger et Sulayman Al-Bassam dans le cadre d'un Partenariat avec La Comédie Française, Frédéric Beigbeder et Maryse Wolinski, Fabrice Roger-Lacan et Isabelle Nanty, ainsi que leur participation au Bureau des lecteurs de La Comédie française, ont permis d'engager un dialogue "intergénérationnel" avec des artistes de leur temps et d'ouvrir la voie au projet d'écriture romanesque des Collégiens.Le roman collectif générationnel et intergénérationnel au lycée : http://tempoeroman2013.blogspot.comLaure-Diane LoquetProfesseur de Lettres et de Théâtre
"Et
vit en même temps et son jour et sa nuit"
Joachim
du Bellay
°
°
Le
making of du roman collectif des collégiens internautes 2012
"Pastiches
et mélanges"
une aventure d'écriture inter-générationnelle,
une aventure d'écriture inter-générationnelle,
en
palimpseste et en arborescence,
à
partir du synopsis de Cendrillon
de Joël Pommerat et de Tristan
et Yseult
"Ah bon ?"
dit le
très jeune Prince
dans
Cendrillon
de Joël Pommerat
"Tempo
è galant'uomo"
Mariage de Figaro de
Beaumarchais (III, 5)
°
°
"On
ne pense que par images, si tu veux être philosophe, écris des
romans"
Albert Camus
http://tempoepoesie.blogspot.com
http://tempoeroman2012.blogspot.com
Albert Camus
http://tempoepoesie.blogspot.com
http://tempoeroman2012.blogspot.com
Chacun
sa vérité,
1916
Six
personnages en quête d'auteurs,
1921
Vêtir
ceux qui sont nus,
1922
Luigi
Pirandello
Marjolaine
Leray, illustratrice du Petit Chaperon rouge de Joël Pommerat
°
°
Olivier Besson,
illustrateur de Pinocchio de Joël Pommerat
A
suivre :
Au
pays des mensonges,
Etgar Keret
Big
Fish, Buster
Keaton
Rousseau
et les fables de La Fontaine
°
°
Pourquoi
faut-il raconter des histoires ?
A
l'Odéon , le 6 décembre 2010, artistes, écrivains et chercheurs
débattaient sur le thème : "Pourquoi faut-il raconter des
histoires ? "
L'un,
Joël Pommerat, est un auteur et metteur en scène parmi les plus
passionnants de la scène française. L'autre, Aldo Naouri, est un
pédiatre, spécialiste des relations interfamiliales. Ensemble,
ils partent à l'assaut de l'imaginaire des contes et de toutes ces
histoires qui aident l'être humain à vivre.
Pourquoi faut-il raconter des histoires ?
Aldo Naouri : C'est fondamental pour le développement d'un enfant. Les histoires ont cet avantage de faire appel à son imagination, ce qui lui permet de travailler sa perception de la réalité. Et si l'enfant en est à ce point friand, c'est parce qu'elles mettent en scène des échanges qui vont venir solliciter la chose la plus importante pour lui : la gestion de l'angoisse. Les histoires peuvent éventuellement alléger cette angoisse.
Joël Pommerat : Pour le philosophe François Flahault, l'être humain a besoin d'une histoire pour se dire qu'il est en train de faire quelque chose avec l'autre. J'aime cette idée qu'on ne peut pas être comme les animaux, simplement posés l'un à côté de l'autre. Pour moi, la notion d'histoires renvoie aussi au plaisir d'être ensemble.
A. N. : Nous disons les mêmes choses en termes différents. Quand vous soulignez que l'histoire éclaire une relation à l'autre, c'est effectivement cela, la gestion de l'angoisse : je suis abandonné, mais l'autre existe et je peux avoir des échanges avec lui. Là où je mettrais un bémol, c'est qu'être seul, c'est parfois aussi être avec les autres. Devant la télévision, par exemple : l'histoire me parle parce qu'elle met en scène des individus qui, justement, nouent une relation.
J. P. : Vous avez parlé d'angoisse, j'ai parlé de plaisir...
A. N. : Le spectacle produit un plaisir dû à une chute de l'intensité de l'angoisse. Et c'est ainsi quel que soit l'âge, quels que soient les moyens d'expression. C'est pourquoi j'ai une grande admiration pour les metteurs en scène : ils trouvent un moyen de solliciter l'inconnu qu'il y a en moi et ils me le révèlent.
Raconter des histoires est aussi lié à la manipulation. Le spectateur est-il toujours conscient de cette manipulation ?
J. P. : Oui, je pense. Toute ma démarche au théâtre consiste à donner au spectateur la possibilité de voir le jeu qui s'opère entre ce qui serait du côté du réel, même si les choses ne sont jamais aussi tranchées, et ce qui serait du côté de l'imaginaire.
Donc pas de manipulation...
J. P. : Si, je manipule parce que je suis de côté de l'artifice. Mais c'est marqué sur ma carte de visite. Je suis honnête avec le public, qui vient au spectacle en étant prêt à être manipulé. Il se prête au jeu.
A. N. : J'ai été enthousiasmé de savoir que vous montiez ces deux pièces, en particulier Pinocchio [NDLR : avec Le Petit Chaperon rouge]. Parce qu'aujourd'hui ce conte est d'une extraordinaire actualité. Nous sommes tous traités comme des Pinocchio : il faut voir comment l'ensemble des instances auxquelles nous avons affaire fabriquent de l'illusion et nous trompent constamment. Une pièce comme celle-là, à destination des enfants, mais pas seulement, est là pour réveiller la conscience, pour permettre à chacun d'exercer son esprit critique et refuser de se laisser happer par cette sorte d'uniformisation dans laquelle on cherche à nous coincer.
Il y a des époques où certaines histoires sont plus pertinentes que d'autres...
A. N. : Sans doute. Depuis quelques années, nous vivons une sorte d'abattement généralisé. Si on en est arrivé là, c'est parce qu'on a subi une overdose de manipulations. Un exemple : on voit partout des tricycles poussés par une canne tenue par les parents et sur lesquels sont juchés des enfants portant un casque. Une canne, un casque : voyez jusqu'où est allé le principe de précaution, jusqu'où on distille de la peur pour tout ! J'appelle cela de la manipulation. Même chose pour l'épidémie de grippe. Comment, dans un tel état de panique , pourrions-nous retrouver un état de conscience ? Alors là, Pinocchio vient vous dire : "Ne croyez pas tout ce que l'on vous raconte."
J. P. : Le Pinocchio de Collodi, celui que j'ai trituré, est un être prisonnier de ses pulsions et de son désir de consommation immédiate. Il m'a fait penser aux enfants d'aujourd'hui : des enfants-tyrans qui sont dans la toute-puissance. C'est en ce sens qu'à un moment donné on peut croiser une histoire avec une réalité contemporaine. La démarche du spectateur face à un acte artistique, c'est de recréer les émotions qu'il subit dans la vie de façon négative. Au théâtre, le plaisir pour les enfants consiste, selon moi, à jouer à avoir peur. Certains pensent qu'il peut être traumatisant pour un enfant d'avoir peur. Je crois, moi, que ce qui est pire, c'est d'avoir peur de la peur.
Peut-on prendre le risque de traumatiser les enfants en leur racontant de telles histoires ?
A. N. : Il faut s'opposer au fonctionnement des enfants, ces individus qui ne travaillent que sur leur registre pulsionnel et leur recherche du plaisir. Si on ne bride jamais ce registre pulsionnel, ils vont entrer dans la toute-puissance et devenir ces enfants-tyrans qui posent tellement de problèmes.
J. P. : Je suis d'accord. Le Petit Chaperon rouge et Pinocchio sont des histoires dans lesquelles il est question de cruauté et de violence, ce que j'ai choisi de ne pas totalement édulcorer. Je provoque non pas pour traumatiser, mais pour réveiller. Il n'est pas horrible de penser que les enfants ont du plaisir devant la représentation d'actes considérés à juste titre, par la société, comme mauvais. Le théâtre est au-delà de la morale. On peut rire à la dévoration de la grand-mère : ce n'est pas le rire d'un meurtrier en puissance, c'est un rire qui dit l'angoisse. L'état de pantin de Pinocchio représente l'état pulsionnel du petit enfant. Or, il faut bien se rendre compte que Pinocchio, dans l'accomplissement de cet état pulsionnel, finit dans la servitude. Montrer que la liberté accordée aux enfants ne les amène pas à dominer le monde mais à être asservis, ce n'est pas très politiquement correct !
A. N. : Le théâtre a une fonction cathartique. Lors d'un spectacle, l'enfant, confronté à la violence, va aller interroger sa pulsion meurtrière, pulsion indissociable de son existence. L'être humain passe sa vie à réprimer ses pulsions en arrondissant les angles.
J. P. : On devrait utiliser ce discours comme argument publicitaire : "Amenez vos enfants pour les confronter à leurs pulsions meurtrières."
Pourquoi faut-il raconter des histoires ?
Aldo Naouri : C'est fondamental pour le développement d'un enfant. Les histoires ont cet avantage de faire appel à son imagination, ce qui lui permet de travailler sa perception de la réalité. Et si l'enfant en est à ce point friand, c'est parce qu'elles mettent en scène des échanges qui vont venir solliciter la chose la plus importante pour lui : la gestion de l'angoisse. Les histoires peuvent éventuellement alléger cette angoisse.
Joël Pommerat : Pour le philosophe François Flahault, l'être humain a besoin d'une histoire pour se dire qu'il est en train de faire quelque chose avec l'autre. J'aime cette idée qu'on ne peut pas être comme les animaux, simplement posés l'un à côté de l'autre. Pour moi, la notion d'histoires renvoie aussi au plaisir d'être ensemble.
A. N. : Nous disons les mêmes choses en termes différents. Quand vous soulignez que l'histoire éclaire une relation à l'autre, c'est effectivement cela, la gestion de l'angoisse : je suis abandonné, mais l'autre existe et je peux avoir des échanges avec lui. Là où je mettrais un bémol, c'est qu'être seul, c'est parfois aussi être avec les autres. Devant la télévision, par exemple : l'histoire me parle parce qu'elle met en scène des individus qui, justement, nouent une relation.
J. P. : Vous avez parlé d'angoisse, j'ai parlé de plaisir...
A. N. : Le spectacle produit un plaisir dû à une chute de l'intensité de l'angoisse. Et c'est ainsi quel que soit l'âge, quels que soient les moyens d'expression. C'est pourquoi j'ai une grande admiration pour les metteurs en scène : ils trouvent un moyen de solliciter l'inconnu qu'il y a en moi et ils me le révèlent.
Raconter des histoires est aussi lié à la manipulation. Le spectateur est-il toujours conscient de cette manipulation ?
J. P. : Oui, je pense. Toute ma démarche au théâtre consiste à donner au spectateur la possibilité de voir le jeu qui s'opère entre ce qui serait du côté du réel, même si les choses ne sont jamais aussi tranchées, et ce qui serait du côté de l'imaginaire.
Donc pas de manipulation...
J. P. : Si, je manipule parce que je suis de côté de l'artifice. Mais c'est marqué sur ma carte de visite. Je suis honnête avec le public, qui vient au spectacle en étant prêt à être manipulé. Il se prête au jeu.
A. N. : J'ai été enthousiasmé de savoir que vous montiez ces deux pièces, en particulier Pinocchio [NDLR : avec Le Petit Chaperon rouge]. Parce qu'aujourd'hui ce conte est d'une extraordinaire actualité. Nous sommes tous traités comme des Pinocchio : il faut voir comment l'ensemble des instances auxquelles nous avons affaire fabriquent de l'illusion et nous trompent constamment. Une pièce comme celle-là, à destination des enfants, mais pas seulement, est là pour réveiller la conscience, pour permettre à chacun d'exercer son esprit critique et refuser de se laisser happer par cette sorte d'uniformisation dans laquelle on cherche à nous coincer.
Il y a des époques où certaines histoires sont plus pertinentes que d'autres...
A. N. : Sans doute. Depuis quelques années, nous vivons une sorte d'abattement généralisé. Si on en est arrivé là, c'est parce qu'on a subi une overdose de manipulations. Un exemple : on voit partout des tricycles poussés par une canne tenue par les parents et sur lesquels sont juchés des enfants portant un casque. Une canne, un casque : voyez jusqu'où est allé le principe de précaution, jusqu'où on distille de la peur pour tout ! J'appelle cela de la manipulation. Même chose pour l'épidémie de grippe. Comment, dans un tel état de panique , pourrions-nous retrouver un état de conscience ? Alors là, Pinocchio vient vous dire : "Ne croyez pas tout ce que l'on vous raconte."
J. P. : Le Pinocchio de Collodi, celui que j'ai trituré, est un être prisonnier de ses pulsions et de son désir de consommation immédiate. Il m'a fait penser aux enfants d'aujourd'hui : des enfants-tyrans qui sont dans la toute-puissance. C'est en ce sens qu'à un moment donné on peut croiser une histoire avec une réalité contemporaine. La démarche du spectateur face à un acte artistique, c'est de recréer les émotions qu'il subit dans la vie de façon négative. Au théâtre, le plaisir pour les enfants consiste, selon moi, à jouer à avoir peur. Certains pensent qu'il peut être traumatisant pour un enfant d'avoir peur. Je crois, moi, que ce qui est pire, c'est d'avoir peur de la peur.
Peut-on prendre le risque de traumatiser les enfants en leur racontant de telles histoires ?
A. N. : Il faut s'opposer au fonctionnement des enfants, ces individus qui ne travaillent que sur leur registre pulsionnel et leur recherche du plaisir. Si on ne bride jamais ce registre pulsionnel, ils vont entrer dans la toute-puissance et devenir ces enfants-tyrans qui posent tellement de problèmes.
J. P. : Je suis d'accord. Le Petit Chaperon rouge et Pinocchio sont des histoires dans lesquelles il est question de cruauté et de violence, ce que j'ai choisi de ne pas totalement édulcorer. Je provoque non pas pour traumatiser, mais pour réveiller. Il n'est pas horrible de penser que les enfants ont du plaisir devant la représentation d'actes considérés à juste titre, par la société, comme mauvais. Le théâtre est au-delà de la morale. On peut rire à la dévoration de la grand-mère : ce n'est pas le rire d'un meurtrier en puissance, c'est un rire qui dit l'angoisse. L'état de pantin de Pinocchio représente l'état pulsionnel du petit enfant. Or, il faut bien se rendre compte que Pinocchio, dans l'accomplissement de cet état pulsionnel, finit dans la servitude. Montrer que la liberté accordée aux enfants ne les amène pas à dominer le monde mais à être asservis, ce n'est pas très politiquement correct !
A. N. : Le théâtre a une fonction cathartique. Lors d'un spectacle, l'enfant, confronté à la violence, va aller interroger sa pulsion meurtrière, pulsion indissociable de son existence. L'être humain passe sa vie à réprimer ses pulsions en arrondissant les angles.
J. P. : On devrait utiliser ce discours comme argument publicitaire : "Amenez vos enfants pour les confronter à leurs pulsions meurtrières."